La Biographie
Une biographie développe une analyse complexe de la personnalité, incluant des détails intimes, des expériences et les émotions ressenties envers les événements. Le genre biographique est la construction d’une identité, de l'identité plurielle, fragmentée dans lequel la tâche du biographe est de déconstruire pour trouver la singularité de son personnage. Mais avant toute chose, la biographie pose la question de la vérité.
On peut distinguer deux catégories de biographies :
• "la biographie savante" (ou biographie-document), qui se limite aux données établies et présente des résultats riches et exacts, mais souvent austères et ne permettant pas à l'auteur de mettre en valeur ses qualités d'écriture ;
• "la biographie romancée" , qui autorise l'auteur à tirer parti de ses qualités d'écriture et de son imagination afin de compléter les faits avérés par des passages fictifs, au détriment toutefois de la rigueur et de l'exactitude du texte obtenu.
Les supports des biographies sont souvent des livres : romans, encyclopédies, bandes dessinées, cassettes audios ou vidéos, etc..
Néanmoins, depuis l'avènement d'Internet, elles sont aussi fréquemment disponibles sur des sites web accompagnées d'enregistrements audio ou vidéo.
On peut citer parmi les plus connues celles :
• de femmes et d'hommes politiques : Jeanne d'Arc, Napoléon, Staline, De Gaulle, Hillary Clinton, etc.
• de personnalités et d'artistes: Madame de Pompadour, Françoise Giroud, Romain Gary, Serge Gainsbourg, etc.
• de personnes dont la vie est jugée intéressante, particulière, hors norme : Albertine Sarrazin, Chicago May,ou encore Mesrine ...
Difficultés
La biographie répond à des contraintes du genre : comme l'obligation de mentionner ses sources, les éventuelles transgressions de l'auteur, et si trangressions il y a, les raisons de celles-ci.
La rédaction d'une biographie pose de nombreux problèmes, et notamment :
• l'impartialité : celui qui rédige une biographie ayant en général un point de vue marqué sur la personne à laquelle son ouvrage est consacré, il lui faut néanmoins respecter une certaine objectivité ;
• le travail d'enquêteur : la rédaction d'une biographie requiert une recherche préalable d'autant plus difficile que la personne à laquelle on s'intéresse est restée méconnue, ou a vécu à une époque reculée ;
• le manque d'informations : même si le travail d'enquête préalable est suffisant, le biographe peut se heurter à une absence pure et simple d'informations, laissant des « blancs » dans la reconstitution ;
• le travail sur l'Histoire : un personnage, notamment célèbre, ne peut être étudié sans faire référence à son tissu social, géographique, politique, ...;
• le travail d'écriture : la tentation d'enjoliver le récit et de compléter les données factuelles contribuent au classement du texte dans le genre de la biographie romancée, et peut devenir particulièrement gênant si les ajouts sont aberrants, trop nombreux, ou trop difficilement dissociables des faits ;
• le risque de conflits avec la personne décrite ou avec ses descendants, s'ils contestent la véracité des propos qui y sont tenus ou la
• transformation des réalités.
Fonctions pour l'auteur
De nombreux facteurs peuvent pousser un auteur à rédiger une biographie, parmi lesquels :
• Le souhait d'apporter sa propre interprétation des événements et des actions de la vie du sujet ;
• L'envie de s'identifier au personnage décrit, voire de comparer sa vie à celle que l'on raconte, ou même de la prendre pour modèle ;
• La volonté d'affirmer son intérêt pour celui dont on fait la biographie ;
• La nécessité de lutter contre l'oubli, et la tentation de s'ériger en gardien de la mémoire, tout en laissant un témoignage historique ;
• Faire partager la vie d'une personne à son entourage, amis et lecteur.
Intérêts pour le lecteur
Les principales causes entraînant quelqu'un à lire une biographie sont:
• La possibilité de s'instruire sur la vie de la personne décrite, bien sûr, mais aussi sur les contextes géographique et historique ;
• Les qualités d'écriture de l'auteur ;
• Le souhait de s'identifier au personnage décrit, et de tirer de sa vie des leçons pour sa propre existence.
Origines et évolution
Le genre biographique existe depuis l'Antiquité mais le terme biographie n'existe que depuis le XVIIe siècle.
Dans l'Égypte ancienne, la biographie existe sous forme de nécrologies inscrites sur les stèles, où se trouve l'identité et les actions et réalisations du défunt.
Dans l'Antiquité gréco-romaine on trouve des biographies d'hommes illustres pour qu'ils servent d'exemple, de modèle pour faire l'éloge des qualités, montrer les vertus utiles pour la collectivité
Au Moyen Âge, on trouve des hagiographies (vie exemplaire d'un Saint).
Biographie et médias modernes
Depuis quelques décennies déjà, de nombreux documentaires retracent, au cinéma ou à la télévision, la vie d'une personnalité. La voix off propose, en général, un récit du même type que celui d'une biographie écrite, accompagné d'images d'archives, de documentations visuelles et sonores. La biographie peut également prendre la forme d'une fiction.1 Depuis la fin du XXe siècle, le média vidéo, en permettant au plus grand nombre d'accéder au support audiovisuel, renouvelle la forme autobiographique. La forme sonore est également utilisée par des particuliers ; à leur demande, ceux-ci contactent des biographes utilisant la mémoire orale pour constituer l'écriture sonore d'un récit de vie : ce sont des biographies sonores : une voix et des souvenirs enregistrés puis restitués après montage et réalisation sonore.
Démocratisation du fait biographique
Aujourd'hui il semble que chacun, célèbre ou non, souhaite laisser une trace : en témoignent les entreprises spécialisées qui fleurissent, proposant aux particuliers de réaliser leur propre biographie, pour conserver la mémoire de leur vie, dans un but privé ou public. Il s'agit de « films de vie » ou « biographies filmées » ou encore de récits de vie écrits par des écrivains conseils ou biographes. Une récente pratique, inventée par Pascal Lefèvre, consiste à réécrire en vers, les notes ou ébauches de récit de vie d'une personne ou d'une famille, voire d'une entreprise. Il a baptisé cette autre forme de récit de vie, versificulpture.
L’Autobiographie
L'autobiographie est un genre littéraire que son étymologie grecque définit comme le fait d'écrire (graphein, graphie) sur sa propre vie (auto, soi et bios, vie). Au sens large l'autobiographie se caractérise donc a minima par l'identité de l'auteur, du narrateur et du personnage : le mot est assez récent, il n'est fabriqué qu'au début du XIXe siècle (1815 en anglais, 1832 pour l'adjectif et 1842 pour le substantif en français). L'approche actuelle parle dans ce cas plutôt de « genre autobiographique », réservant à « autobiographie » un sens plus étroit qu'a établi Philippe Lejeune dans les années 1970 et qui fait consensus.
L'analyse littéraire moderne s'accorde à définir avec lui l'autobiographie comme « un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. »1
Cependant, il convient de faire quelques réserves sur l'exigence de la prose, sur laquelle Philippe Lejeune est lui-même revenu. Nombre de véritables autobiographies, en effet, ont été rédigés en vers. L'une des plus célèbres et des plus réussies est The Prelude (« Le Prélude ») de William Wordsworth.
On établit ainsi une distinction avec les Mémoires qui mettent l'accent sur le contexte historique de la vie de l'auteur, en donnant souvent en exemple François-René de Chateaubriand et ses Mémoires d'outre-tombe, encore que le récit de l'enfance et de la jeunesse dans les premiers livres, comme les pages intimes dans la suite de l'œuvre, rendent la classification fragile. La distinction est plus convaincante pour les Commentaires de Blaise de Montluc ou les Mémoires de guerre du général Charles de Gaulle, mais il s'agit d'œuvres moins « littéraires ».
Philippe Lejeune précise sa définition en incluant la caractéristique de « récit rétrospectif », - essentiellement en prose et à la première personne mais sans exclure l'usage du vers et de la 3e personne (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux). , voire de la 2e (Charles Juliet, Lambeaux) -, ce qui distingue l'autobiographie du journal/journal intime (Catherine Pozzi, Journal 1913-1934) ou de la correspondance (Correspondance 1918-1951, Jean Paulhan - André Gide) dont l'écriture est concomitante des faits vécus. L'autobiographie où l'auteur est à la fois dans la confidence, parfois la justification, et dans la recherche de soi, constitue toujours une reconstruction rétrospective ce qui la différencie des textes parcellaires à contenu autobiographique comme les recueils de poèmes lyriques.
Un autre point déterminant est la sincérité du propos : implicitement, l'auteur conclut un « pacte » avec le lecteur en utilisant la catégorie « autobiographie », il peut aussi préciser son intention dans une préface comme Jean-Jacques Rousseau pour les Confessions. La frontière est parfois floue avec le genre du roman comme pour le roman autobiographique (Benjamin Constant, Adolphe, 1816) ou l'autofiction (Annie Ernaux, Passion simple, 1991) moderne qui se réclament de la fiction par des intitulés comme récit, roman ou simplement par l'absence du mot « autobiographie », qui rejettent le pacte autobiographique.
Une biographie développe une analyse complexe de la personnalité, incluant des détails intimes, des expériences et les émotions ressenties envers les événements. Le genre biographique est la construction d’une identité, de l'identité plurielle, fragmentée dans lequel la tâche du biographe est de déconstruire pour trouver la singularité de son personnage. Mais avant toute chose, la biographie pose la question de la vérité.
On peut distinguer deux catégories de biographies :
• "la biographie savante" (ou biographie-document), qui se limite aux données établies et présente des résultats riches et exacts, mais souvent austères et ne permettant pas à l'auteur de mettre en valeur ses qualités d'écriture ;
• "la biographie romancée" , qui autorise l'auteur à tirer parti de ses qualités d'écriture et de son imagination afin de compléter les faits avérés par des passages fictifs, au détriment toutefois de la rigueur et de l'exactitude du texte obtenu.
Les supports des biographies sont souvent des livres : romans, encyclopédies, bandes dessinées, cassettes audios ou vidéos, etc..
Néanmoins, depuis l'avènement d'Internet, elles sont aussi fréquemment disponibles sur des sites web accompagnées d'enregistrements audio ou vidéo.
On peut citer parmi les plus connues celles :
• de femmes et d'hommes politiques : Jeanne d'Arc, Napoléon, Staline, De Gaulle, Hillary Clinton, etc.
• de personnalités et d'artistes: Madame de Pompadour, Françoise Giroud, Romain Gary, Serge Gainsbourg, etc.
• de personnes dont la vie est jugée intéressante, particulière, hors norme : Albertine Sarrazin, Chicago May,ou encore Mesrine ...
Difficultés
La biographie répond à des contraintes du genre : comme l'obligation de mentionner ses sources, les éventuelles transgressions de l'auteur, et si trangressions il y a, les raisons de celles-ci.
La rédaction d'une biographie pose de nombreux problèmes, et notamment :
• l'impartialité : celui qui rédige une biographie ayant en général un point de vue marqué sur la personne à laquelle son ouvrage est consacré, il lui faut néanmoins respecter une certaine objectivité ;
• le travail d'enquêteur : la rédaction d'une biographie requiert une recherche préalable d'autant plus difficile que la personne à laquelle on s'intéresse est restée méconnue, ou a vécu à une époque reculée ;
• le manque d'informations : même si le travail d'enquête préalable est suffisant, le biographe peut se heurter à une absence pure et simple d'informations, laissant des « blancs » dans la reconstitution ;
• le travail sur l'Histoire : un personnage, notamment célèbre, ne peut être étudié sans faire référence à son tissu social, géographique, politique, ...;
• le travail d'écriture : la tentation d'enjoliver le récit et de compléter les données factuelles contribuent au classement du texte dans le genre de la biographie romancée, et peut devenir particulièrement gênant si les ajouts sont aberrants, trop nombreux, ou trop difficilement dissociables des faits ;
• le risque de conflits avec la personne décrite ou avec ses descendants, s'ils contestent la véracité des propos qui y sont tenus ou la
• transformation des réalités.
Fonctions pour l'auteur
De nombreux facteurs peuvent pousser un auteur à rédiger une biographie, parmi lesquels :
• Le souhait d'apporter sa propre interprétation des événements et des actions de la vie du sujet ;
• L'envie de s'identifier au personnage décrit, voire de comparer sa vie à celle que l'on raconte, ou même de la prendre pour modèle ;
• La volonté d'affirmer son intérêt pour celui dont on fait la biographie ;
• La nécessité de lutter contre l'oubli, et la tentation de s'ériger en gardien de la mémoire, tout en laissant un témoignage historique ;
• Faire partager la vie d'une personne à son entourage, amis et lecteur.
Intérêts pour le lecteur
Les principales causes entraînant quelqu'un à lire une biographie sont:
• La possibilité de s'instruire sur la vie de la personne décrite, bien sûr, mais aussi sur les contextes géographique et historique ;
• Les qualités d'écriture de l'auteur ;
• Le souhait de s'identifier au personnage décrit, et de tirer de sa vie des leçons pour sa propre existence.
Origines et évolution
Le genre biographique existe depuis l'Antiquité mais le terme biographie n'existe que depuis le XVIIe siècle.
Dans l'Égypte ancienne, la biographie existe sous forme de nécrologies inscrites sur les stèles, où se trouve l'identité et les actions et réalisations du défunt.
Dans l'Antiquité gréco-romaine on trouve des biographies d'hommes illustres pour qu'ils servent d'exemple, de modèle pour faire l'éloge des qualités, montrer les vertus utiles pour la collectivité
Au Moyen Âge, on trouve des hagiographies (vie exemplaire d'un Saint).
Biographie et médias modernes
Depuis quelques décennies déjà, de nombreux documentaires retracent, au cinéma ou à la télévision, la vie d'une personnalité. La voix off propose, en général, un récit du même type que celui d'une biographie écrite, accompagné d'images d'archives, de documentations visuelles et sonores. La biographie peut également prendre la forme d'une fiction.1 Depuis la fin du XXe siècle, le média vidéo, en permettant au plus grand nombre d'accéder au support audiovisuel, renouvelle la forme autobiographique. La forme sonore est également utilisée par des particuliers ; à leur demande, ceux-ci contactent des biographes utilisant la mémoire orale pour constituer l'écriture sonore d'un récit de vie : ce sont des biographies sonores : une voix et des souvenirs enregistrés puis restitués après montage et réalisation sonore.
Démocratisation du fait biographique
Aujourd'hui il semble que chacun, célèbre ou non, souhaite laisser une trace : en témoignent les entreprises spécialisées qui fleurissent, proposant aux particuliers de réaliser leur propre biographie, pour conserver la mémoire de leur vie, dans un but privé ou public. Il s'agit de « films de vie » ou « biographies filmées » ou encore de récits de vie écrits par des écrivains conseils ou biographes. Une récente pratique, inventée par Pascal Lefèvre, consiste à réécrire en vers, les notes ou ébauches de récit de vie d'une personne ou d'une famille, voire d'une entreprise. Il a baptisé cette autre forme de récit de vie, versificulpture.
L’Autobiographie
L'autobiographie est un genre littéraire que son étymologie grecque définit comme le fait d'écrire (graphein, graphie) sur sa propre vie (auto, soi et bios, vie). Au sens large l'autobiographie se caractérise donc a minima par l'identité de l'auteur, du narrateur et du personnage : le mot est assez récent, il n'est fabriqué qu'au début du XIXe siècle (1815 en anglais, 1832 pour l'adjectif et 1842 pour le substantif en français). L'approche actuelle parle dans ce cas plutôt de « genre autobiographique », réservant à « autobiographie » un sens plus étroit qu'a établi Philippe Lejeune dans les années 1970 et qui fait consensus.
L'analyse littéraire moderne s'accorde à définir avec lui l'autobiographie comme « un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. »1
Cependant, il convient de faire quelques réserves sur l'exigence de la prose, sur laquelle Philippe Lejeune est lui-même revenu. Nombre de véritables autobiographies, en effet, ont été rédigés en vers. L'une des plus célèbres et des plus réussies est The Prelude (« Le Prélude ») de William Wordsworth.
On établit ainsi une distinction avec les Mémoires qui mettent l'accent sur le contexte historique de la vie de l'auteur, en donnant souvent en exemple François-René de Chateaubriand et ses Mémoires d'outre-tombe, encore que le récit de l'enfance et de la jeunesse dans les premiers livres, comme les pages intimes dans la suite de l'œuvre, rendent la classification fragile. La distinction est plus convaincante pour les Commentaires de Blaise de Montluc ou les Mémoires de guerre du général Charles de Gaulle, mais il s'agit d'œuvres moins « littéraires ».
Philippe Lejeune précise sa définition en incluant la caractéristique de « récit rétrospectif », - essentiellement en prose et à la première personne mais sans exclure l'usage du vers et de la 3e personne (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux). , voire de la 2e (Charles Juliet, Lambeaux) -, ce qui distingue l'autobiographie du journal/journal intime (Catherine Pozzi, Journal 1913-1934) ou de la correspondance (Correspondance 1918-1951, Jean Paulhan - André Gide) dont l'écriture est concomitante des faits vécus. L'autobiographie où l'auteur est à la fois dans la confidence, parfois la justification, et dans la recherche de soi, constitue toujours une reconstruction rétrospective ce qui la différencie des textes parcellaires à contenu autobiographique comme les recueils de poèmes lyriques.
Un autre point déterminant est la sincérité du propos : implicitement, l'auteur conclut un « pacte » avec le lecteur en utilisant la catégorie « autobiographie », il peut aussi préciser son intention dans une préface comme Jean-Jacques Rousseau pour les Confessions. La frontière est parfois floue avec le genre du roman comme pour le roman autobiographique (Benjamin Constant, Adolphe, 1816) ou l'autofiction (Annie Ernaux, Passion simple, 1991) moderne qui se réclament de la fiction par des intitulés comme récit, roman ou simplement par l'absence du mot « autobiographie », qui rejettent le pacte autobiographique.
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